Chez nous, on appelle philosophes ceux qui sont épris de la Sagesse créatrice et éducatrice de l’univers, c’est-à-dire épris de la connaissance du Fils de Dieu ».36 Pour l’Alexandrin, la philosophie grecque n’a pas pour but premier de compléter ou de renforcer la vérité chrétienne ; sa mission est plutôt la défense de la foi : « L’enseignement du Sauveur se suffit à lui-même et n’a besoin de rien d’autre, puisqu’il est "force et sagesse de Dieu". Lanalyse exégétique de ce discours à lAréopage a mis en évidence de nombreuses allusions à des croyances populaires, dorigine stoïcienne pour la plupart. La foi dépasse la raison, mais il est très raisonnable de croire et le Seigneur, qui nous invite à l’aimer de tout notre cœur, notre âme, notre esprit et notre force (Mc 12,30), s’adresse aussi à notre intelligence pour qu’elle prenne appui sur les solides raisons de croire qu’il nous donne toujours, objectivement et personnellement, aujourd’hui comme hier (cf. Parmi les pionniers d’une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent, il faut mentionner saint Justin : tout en conservant, même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, il affirmait avec force et clarté qu’il avait trouvé dans le christianisme « la seule philosophie sûre et profitable ».32 De même, Clément d’Alexandrie appelait l’Evangile « la vraie philosophie »,33 et il comprenait la philosophie par analogie à la loi mosaïque comme un enseignement préparatoire à la foi chrétienne 34 et une propédeutique à l’Evangile.35 Puisque « la philosophie désire la sagesse qui consiste dans la droiture de l’âme et de la parole et dans la pureté de la vie, elle a des dispositions d’amour et d’amitié pour la sagesse et elle fait tout pour l’atteindre. Troublant. Paris, Éditions Salvator (coll. La lumière de la raison et celle de la foi viennent toutes deux de Dieu, expliquait-il ; c’est pourquoi elles ne peuvent se contredire.44, Plus radicalement, Thomas reconnaît que la nature, objet propre de la philosophie, peut contribuer à la compréhension de la révélation divine. La fin vers laquelle tendait ce développement était de faire prendre une conscience critique de ce à quoi l’on croyait. Un exposé est une façon d’;émettre une opinion élaborée sur des idées et des politiques qui touchent notre vie. Leur Raison indique une ouverture, et leur Foi les fait s’y engouffrer. Résultat : lâÃglise sâallie dans les guerres de religion aux XVIe et XVIIe siècles, provoquant une suspicion de la part des intelligences qui vont vouloir se libérer. Tel mythe grec est le même que le mythe égyptien, il les unifie. Câest lâadolescence de lâhumanité qui est droite, qui nâest pas encore déformée. Leurs pensées convergent sur l’idée que foi et raison ont une fonction régulatrice pour se féconder mutuellement et surtout se limiter. La foi chrétienne tient en haute estime la raison humaine. Ayant abattu les barrières raciales, sociales ou sexuelles, le christianisme avait, depuis ses débuts, proclamé l’égalité de tous les hommes devant Dieu. Il n’est pas contemporain des deux autres ; il est leur héritier. A. Dumouch : Après tout ce quâon a subi depuis 200 ans, il faut espérer, quâassagis, câest en tout cas ce que souhaite le pape Benoît XVI, nous retombions enfin dans lââge adulte de lâhumanité. Jamais on nâa fait mieux. J’expose les deux grandes thèses concernant ces rapports : le théisme, et le fidéisme. Et il y a la théologie qui se sert de la foi révélée pour répondre à dâautres dimensions de lâamour et à des questions. La foi, privée de la raison, a mis l’accent sur le sentiment et l’expérience, en courant le risque de ne plus être une proposition universelle. 36. On dépassait définitivement le caractère élitiste que sa recherche avait pris chez les Anciens : dès lors que l’accès à la vérité est un bien qui permet de parvenir à Dieu, tous doivent être aptes à parcourir cette route. La conséquence en a été l’obscurcissement de la véritable dignité de la raison, qui n’était plus en état de connaître le vrai et de rechercher l’absolu. « Comprendre Dieu est impossible à un intellect créé, quel quil soit ; mais que notre esprit latteigne de quelque manière, cest déjà une grande béatitude. 47. Cette question montre bien quâeffectivement science et foi devraient marcher ensemble, comme deux affectionnés, selon saint François de Sales. La libido sexuelle existe, certes, mais le problème, câest quâon veut tout expliquer par elle. Par André Guigot. Une exposition de la BNF et un dossier du "Point" invitent à le redécouvrir. Au lieu d’être tournées vers la contemplation de la vérité et la recherche de la fin dernière et du sens de la vie, ces formes de rationalité tendent - ou au moins peuvent tendre - à être « une raison fonctionnelle » au service de fins utilitaristes, de possession ou de pouvoir. Platon a bien souvent présenté sa doctrine sous une forme particulière, celle du dialogue dans lequel Socrate occupait une place plus que prédominante. Habermas reconnaît aux religions une « réserve de sens » dont la raison ne saurait se passer, tout en constatant une sécularisation croissante sans la dramatiser. ... sur Les raisons de la foi sur la Lettre à dom Bernard, abbé du Mont-Cassin. Celui qui vit pour la vérité est tendu vers une forme de connaissance qui s’enflamme toujours davantage d’amour pour ce qu’il connaît, tout en devant admettre qu’il n’a pas encore fait tout ce qu’il désirerait : « J’ai été fait pour te voir et je n’ai pas encore fait ce pour quoi j’ai été fait » (Ad te videndum factus sum, et nondum feci propter quod factus sum).42 Le désir de vérité pousse donc la raison à aller toujours au-delà ; mais elle est comme accablée de constater qu’elle a une capacité toujours plus grande que ce qu’elle appréhende. Avec le développement de lâagriculture, on observe mieux la nature, on sâaperçoit que la mort peut venir dâune mauvaise configuration de la lune, dâun soleil trop chaud, dâune pluie diluvienne, alors on instaure des cultes au soleil, à la lune, à la pluie. D’après le témoignage des Actes des Apôtres, le message du christianisme se heurta dès le début aux courants philosophiques de l’époque. Aller à : Navigation, rechercher Statue allégorique de la Foi à Venise. L’article interroge la possible existence d’une philosophie de la religion dans l’œuvre cartésienne selon deux axes : le rapport entre raison et foi, et l’instance normative de lecture du texte sacré. La raison, privée de l’apport de la Révélation, a pris des sentiers latéraux qui risquent de lui faire perdre de vue son but final. Ce qui ressort de cette dernière période de l’histoire de la philosophie, c’est donc la constatation d’une séparation progressive entre la foi et la raison philosophique. Sur ce long chemin, saint Thomas occupe une place toute particulière, non seulement pour le contenu de sa doctrine, mais aussi pour le dialogue qu’il sut instaurer avec la pensée arabe et la pensée juive de son temps. L’histoire montre que la pensée platonicienne elle-même, utilisée par la théologie, a subi de profondes transformations, en particulier dans le domaine de concepts comme l’immortalité de l’âme, la divinisation de l’homme et l’origine du mal. On peut citer nombre de ces systèmes-là . Ainsi, elle est également distincte de la foi, car la foi donne son assentiment à la vérité divine considérée en elle-même, tandis que c’est le propre du don de sagesse de juger selon la vérité divine ».49. Le plus grand docteur de lâÃglise qui lâa manifesté câest Thomas dâAquin. On s’engagea ainsi sur une voie qui, abandonnant les traditions antiques particulières, débouchait sur un développement qui correspondait aux exigences de la raison universelle. La foi en la raison est exposée à paraître aussi insoutenable rationnellement que toute autre foi. Les sept sceaux de lâApocalypse. Pourquoi la science rejette-t-elle la foi ? Ils réussirent en effet à faire surgir en plénitude ce qui demeurait encore implicite et en germe dans la pensée des grands philosophes antiques.41 Ces derniers, comme je l’ai dit, avaient eu la mission de montrer dans quelle mesure la raison, délivrée de ses liens extérieurs, pouvait sortir de l’impasse des mythes, pour s’ouvrir de manière plus adaptée à la transcendance. La foi et la raison vues comme Cette dernière, éclairée par la foi, est libérée des fragilités et des limites qui proviennent de la désobéissance du péché, et elle trouve la force nécessaire pour s’élever jusqu’à la connaissance du mystère de Dieu Un et Trine. Poète grec du VIIIe siècle avant J.-C. [↩], 24. De plus, certains d’entre eux, conscients des potentialités intérieures au progrès technologique, semblent céder, plus qu’à la logique du marché, à la tentation d’un pouvoir démiurgique sur la nature et sur l’être humain lui-même. © Catholique.org 2004 - 2021 - Tous droits réservés. En conséquence, certains hommes de science, privés de tout repère éthique, risquent de ne plus avoir comme centres d’intérêt la personne et l’ensemble de sa vie. Le but n’étant pas d’abord de spéculer intellectuellement, mais de discerner le sens de ma vie mon bonheur, d’y tendre, e… La question de Tertullien : « Qu’ont de commun Athènes et Jérusalem ? Quelquefois des hommes sont arrivés à montrer que cette division nâavait pas lieu dâêtre, et quâil était nécessaire de collaborer. [↩], 21. L'auteur se propose d'interpréter le célèbre texte de Spinoza (chap, xv du Traité théologico-politique), sur la possibilité d'un salut par la foi et l'obéissance, en le replaçant dans le cadre général du système spinozien, entendu comme métaphysique de la participation (le fini est partie de l'infini) et comme morale du salut graduel par les degrés de la connaissance. Introduction. On le verra par contre manifester lâexistence dâun premier moteur qui est la source du mouvement de lâunivers, Dieu en fait, une découverte issue de sa propre raison. Un exposé « bref et clair » qui, tout en donnant au lecteur une sûre doctrine, met en lumière l’accord de la foi et de la raison. ».43. La philosophie, en tant que sagesse pratique et école de vie, pouvait facilement être confondue avec une connaissance de type supérieur et ésotérique, réservée à un petit nombre d’hommes parfaits. « Pierres d’angle »), 2000, 322 p. La publication du livre La foi et la Raison a coïncidé avec la sortie de l’encyclique de Jean-Paul II : Fides et Ratio, publiée en octobre 1998. A la « parrhèsia » de la foi doit correspondre l’audace de la raison. La conception que l’on se faisait de la divinité fut la première à tirer avantage d’un tel itinéraire. Foi et raison — Wikipédi . A partir de la fin du Moyen Âge, toutefois, la légitime distinction entre les deux savoirs se transforma progressivement en une séparation néfaste. Parmi les grandes intuitions de saint Thomas, il y a également celle qui concerne le rôle joué par l’Esprit Saint pour faire mûrir la connaissance humaine en vraie sagesse. Foi et raison: le nécessaire dialogue Jean-Félix Chénier 5 février 2016 Les rapports entre foi et raison apparaissent de plus en plus conflictuels, particulièrement en Occident, où le rationalisme, puis l’importance de la révolution technoscientifique a fini par «désenchanter le monde» et freiner l’importance du référent religieux. Dans le cadre de la recherche scientifique, on en est venu à imposer une mentalité positiviste qui s’est non seulement éloignée de toute référence à la vision chrétienne du monde, mais qui a aussi et surtout laissé de côté toute référence à une conception métaphysique et morale. En fait, la foi dont parle la Bible n’existe pas sans connaissance ; elle se base au contraire sur la connaissance et sur la raison. Pour se faire comprendre des païens, les premier… Référence : LDF5036. Après avoir exterminé un tiers de son peuple, il nâaboutit à rien. Saint Albert le Grand et saint Thomas, tout en maintenant un lien organique entre la théologie et la philosophie, furent les premiers à reconnaître l’autonomie dont la philosophie et la science avaient nécessairement besoin pour œuvrer efficacement dans leurs champs de recherche respectifs. Au néolithique, les gens auraient été terrorisés rien quâà lâidée de faire cela ; ils auraient craint dâêtre foudroyés par une malédiction des dieux. On ne peut pas créer le paradis sur terre. Sur cette seule base, un dialogue entre la foi et la raison peut créer des valeurs authentiques et durables pour l’humanité. Les lois naturelles de la nature et de l'homme existent. D. Klanac : Il reste néanmoins des conséquences de ces idéologies ! Sa tâche est plutôt de savoir trouver un sens, de découvrir des raisons qui permettent à tous de parvenir à une certaine intelligence du contenu de la foi.